Je dois l’avouer, à l’annonce du développement d’un film sur le Joker, j’étais extrêmement dubitatif. En effet, elle est apparue peu après, le plus que moyen, Suicide Squad et un Joker très médiocre et mal intégré à la trame. Je n’avais donc plus vraiment confiance en leurs multiples projets.
Mais après le casting de Joaquin Phoenix, le film a commencé à m’intéresser. Puis les photos du réalisateur lors du tournage ont capté mon attention. Et dès la première bande-annonce, j’étais convaincu que ce film avait quelque chose de spécial. Et bordel, quelle claque !
Le personnage du Joker est autant un prétexte pour raconter l’histoire d’un homme torturé, tout en étant le sujet principal du film. En effet, Joker c’est avant tout l’histoire d’Arthur Fleck, un clown triste qui ne peut pleurer et encore moins être heureux, plongé dans une société qui le rejette et qui le traite comme n’importe quel autre déchet sur le bord de la route.
Une société qui ne fait que refléter celle dans laquelle nous vivons : amère, triste, individualiste et en colère. Le tout démultiplié par un Gotham sauvage et brut, très bien représenté et l’une des belles surprises de ce film. L’époque choisie est toute aussi idéale, puisqu’elle complète et renforce parfaitement l’ambiance dégagée par la ville et le récit.
Mais le point clé de ce film c’est la lente descente dans la folie. Que ça soit l’écriture ou la mise en scène, le tout montre à quel point Arthur est un homme instable, brisé, et dont la salvation ne viendra que de l’acceptation de sa folie latente. Une folie dans laquelle il peut s’épanouir, devenir confiant et même être heureux. Un bonheur qui est palpable lorsqu’il voit la ville de Gotham brûler suite à ses actes. Mais un bonheur chaotique, immoral et complètement inhumain.
La musique est également une partie intégrante de cette descente dans les abîmes de la folie. Elle est omniprésente tout au long du métrage et prends même les devant à certaines occasions. Une musique très grave, quelque peu déroutante et qui accompagne avec perfection l’action.
Le tout est porté par une interprétation extraordinaire de Joaquin Phoenix. Il nous propose un Joker exceptionnel qui fait plaisir à voir et qui colle entièrement à la vision que je me fais de ce personnage. Un rôle qui donne enfin à ce merveilleux acteur la reconnaissance publique qu’il mérite.
Chacun de ces points additionnés et entremêlés forment un ensemble diablement efficace. Ajoutez à cela des détails de mise en scènes astucieux, une ambiance très bien installée et gérée, un rythme adapté, un final grandiose et on obtient un vrai chef d’œuvre.
Bref, vous l’aurez compris pour moi c’est évidement un 10/10 !
Ce film n’est pas parfait mais c’est exactement ce que j’attendais, et même plus. Il réussi à mettre mal à l’aise, à faire réfléchir, à être perturbant et grisant. Une claque dont la marque se fait encore ressentir, et qui se répète au deuxième visionnage. J’ai rarement était aussi perturbé par un film que j’apprécie autant et c’est pour ça que je le trouve excellent. Il donne vie, littéralement, au personnage du Joker en utilisant la mythologie de Gotham, et il le fait en toute maitrise.
Chapeau bas à Todd Phillips, à Joaquin Phoenix, à Hildur Guðnadóttir et à toutes les équipes qui ont fait que ce film soit ce qu’il est !
J’espère que la Warner tirera les bons enseignements de ce succès. Mais surtout, qu’il n’y aura pas de suite et qu’il ne sera connecté à aucun univers cinématographique. Ce film se suffit à lui même et fonctionne notamment car il s’agit d’une pièce unique.
En revanche, ça serait très intéressant de voir des films dans la même veine. Harvey Dent en avocat souffrant de schizophrénie et cherchant à juger des criminels qu’il côtoie, Luthor aux élections présidentielles malgré le fait qu’il ai tué Superman. Le catalogue de personnage de DC Comics contient de nombreux personnages permettant ce type de films et j’ai hâte de découvrir ce qu’ils nous proposeront.